UN BAR DU BOULEVARD EMILE DELMAS

Bar le Populaire  Drink anime Le casse-croute








En 1882, les débitants de boissons sur le port de La Pallice se plaignent de concurrents propriétaires récoltants qui vendent des boissons sur les quais. Des autorisations sont délivrées à titre provisoire pour la vente de boissons hygiéniques à l'exclusion de tous alcools. La vente ambulante sur les quais admise, dès le début des travaux de construction du port, porte sur la limonade, le thé, le café mais également la bière et le vin. En avril 1914, le syndicat des dockers demande la suppression des ventes ambulantes d'alcool qui favorise l'alcoolisme chez un certain nombre d'ouvriers. Le maire accepte leur demande et la vente de vin et d'alcool est interdite sur les quais.
Les cafés ferment à minuit, mais en juin 1885, les débits de boissons doivent fermer avant 23h00. A titre exceptionnel, ils sont autorisés, lors de déchargement de navires, à rester ouvert la nuit. La plupart de ces établissements sont sur le boulevard Emile Delmas. D'autres s'installent rue Montcalm ou rue Montréal, boulevard W Mörch, avenue Denfert Rochereau et rue Eugène Dor.
La prostitution du port est plutôt clandestine, le racolage se fait directement sur les quais, la tenancière, du Palais de Christal, sis rue des voiliers à La Rochelle, distribuait des cartes de réclame de sa maison à bord des paquebots. Le racolage se fait plus fréquemment dans les bars, notamment sur le boulevard Emile Delmas. Le phénomène s'accentue vers 1930, des débitants se plaignent que leurs concurrents emploient des prostitués comme serveuses pour attirer les clients. Des cafés entretiennent des filles de salle qui se montrent galantes et sont payées par les extras. La réglementation de l'époque prévoit que les femmes employées dans les débits de boissons doivent être munies d'un certificat de bonne vie et moeurs. Cette garantie est illusoire, des serveuses étaient inscrites sur les registres de la police des moeurs. Elles venaient souvent des grands ports voisins, Nantes, Bordeaux. Un cafetier, (en 1937), allait se fournir en serveuses à Nantes sur les quais, auprès des chauffeurs de taxis. Le dépistage des maladies vénériennes des prostitués est souvent très lent du fait de la clandestinité de l'activité. En 1940, une visite sanitaire effectuée dans les cafés et hôtels de La Pallice sont là pour le prouver : sur 27 examens pratiqués, 7 ont permis de déceler une blennorragie.
Outre le proxénétisme de cabaret, la traite des blanches semblait se pratiquer. Dès 1898, on signale l'embarquement par le port de La Pallice de mineures recrutées pour servir de domestiques à Lisbonne, mais destinées, contre leur gré, à une véritable maison de prostitution.
En 1917, la propriétaire du bar L'Etoile demande l'ouverture d'une maison close. Sa demande est rejetée et il faut attendre l'arrêté, municipal du 13/4/1918 pour l'autorisation sous la pression des autorités militaires françaises et américaines. La maison de tolérance est ouverte rue Montcalm. Elle sera fermée à maintes reprises pour différentes causes : embauche de mineures, clients mineurs, des clientes se mêlant à des clients. L'établissement avait 16 chambres plus ou moins saines. En 1927, une autre demande d'ouverture de maison close est demandée et sera refusée, selon la police le nombre d'habitants du quartier ne justifie pas une 2e maison. En 1931, 6 filles sont employées, en 1940, 4 filles, dans une agglomération de 5000 habitants, ce chiffre est peu élevé. La prostitution clandestine repart de plus belle d'autant plus que la maison de tolérance du 69 rue Montcalm sera touchée par les bombardements de 1944.